mercredi 29 février 2012

Sénégal second tour : Idrissa Seck et Cheikh Tidiane Gadio soutiennent Macky Sall

(Grioo.com 29/02/2012)

Les deux candidats ont annoncé leur ralliement à Macky Sall pour le second tour des élections présidentielles sénégalaises Après Cheikh Tidiane Gadio, Macky Sall va bénéficier du soutien d’Idrissa Seck lors du second tour des élections présidentielles au Sénégal. Arrivé 5ème de la course présidentielle, selon les résultats provisoires publiés par les médias locaux, Idrissa Seck va se ranger derrière Macky Sall. C'est ce qu'a précisé son porte-parole :
"Nous soutiendrons le candidat qui ira avec Me Wade au second tour. Nous avions dit, depuis le début, que la candidature de Me Wade n’est pas valide. Alors, vous comprendrez que nous ne pouvons pas la soutenir. Nous attendons les résultats officiels mais, en tout état de cause, nous soutiendrons le candidat de l’opposition », a déclaré Abdourahmane Diouf, porte-parole du candidat Idrissa Seck, cité par le site "Rewmi.com.
Mardi, la coalition « Luy Jut Jotna » de Cheikh Tidiane Gadio avait annoncé qu'elle allait soutenir Macky Sall au second tour, selon son porte-parole. « Nous allons accompagner le président Macky Sall pour mettre fin au règne d’Abdoulaye Wade et pour qu’il soit mis un terme à l’affaissement des institutions », a indiqué Jean-Louis Corréa, dans un entretien à la radio privée RFM.
De son côté, Macky Sall est déjà entré en campagne pour le second tour. Il a rendu une visite de courtoisie le mardi 28 février au président des assises nationales du Sénégal, le Pr Amadou Mactar Mbow (ancien directeur général de l'Unesco).
Macky Sall a réitéré ses engagements en faveur des conclusions des assises nationales. Il a promis d’appliquer les recommandations issues de ces concertations qui avaient regroupé la société civile, les partis politiques et d’autres citoyens sénégalais s’il arrive au pouvoir.
 

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Sénégal : Wade battu dans les grandes villes à fort potentiel électoral

(Afriscoop 29/02/2012)

(AfriSCOOP & Xinhua) — Le président sortant Abdoulaye Wade, candidat à un troisième mandat à l’élection présidentielle sénégalaise, qui est contraint au second tour, à l’issue du scrutin de dimanche, a été battu dans plusieurs grandes villes à un fort potentiel d’électeurs.Selon les résultats encore provisoires, le chef de l’Etat sortant, a perdu Dakar, la capitale et sa banlieue composée des villes de Pikine, Guédiawaye et Rufisque remportées par le candidat Macky Sall, ainsi que Bargny (30 km à la sortie de Dakar) gagnée par le candidat socialiste OusmaneTanor Dieng .
Macky Sall, arrivé deuxième du scrutin et qui doit affronter le président sortant au second tour, a battu celui-ci dans le département de Fatick et la commune de Foundiougne et Joal- Fadiouth (centre-ouest) à Koungueul (centre), à Tambacounda (est) et dans toute la région de Matam (nord-est) ainsi que Linguère ( centre). Le candidat Idrissa Seck, arrivé 5ème, a lui battu le président Wade à Thiès, deuxième grande ville du pays après Dakar, puis à Tivaouane (centre-nord), cité religieuse non loin de Thiès (70 km de Dakar).
Me Wade est également tombé à Mbour (cité balnéaire, située à 83 km de Dakar au bord de l’océan atlantique), à Louga (centre- nord) et à Podor (nord). Ces villes ont été gagnées par Ousmane Tanor Dieng. Les départements de Nioro, et Kaolack (centre) sont revenus au candidat de la coalition Benno Siggil Sénégal de l’ancien Premier ministre Moustapha Niasse.
Me Abdoulaye Wade a largement bénéficié du vote des régions sud (Ziguinchor, Sédhiou et Kolda) ainsi que de la région de Kédougou (sud-est) et la vallée du fleuve Sénégal au nord du pays notamment dans les villes de Saint-Louis et Dagana.
Des candidats malheureux excluent tout soutien à Wade
De nombreux candidats recalés à l’issue du premier tour de la présidentielle sénégalaise, ont exclu tout soutien au chef de l’Etat sortant, Abdoulaye Wade, candidat à un troisième mandat, en cas d’un second tour.
"Nous avons pris la décision qu’en aucun cas nous ne coopérions avec Wade. C’est clair, je peux vous le dire", a indiqué Moustapha Niasse, candidat de la coalition Benno Siggil Sénégal, en troisième position, selon les résultats provisoires.
"On ne voit pas quelqu’un de cohérent qui après s’être battu contre la validité d’une candidature (du chef de l’Etat sortant), puisse au bout du temps aller prendre langue, appuyer ou soutenir une telle candidature. C’est impossible", a confié à la presse locale Ousmane Tanor Dieng, autre candidat à la présidentielle, classé quatrième.
De son côté Abdourahmane Diouf, porte-parole du candidat Idrissa Seck, cet ancien Premier ministre, arrivé 5ème de la course, a assuré que ses partisans excluent toute alliance avec le camp du président sortant.
Pour sa part, le candidat Cheikh Tidiane Gadio a déclaré qu’il ne soutiendrait le camp de Abdoulaye Wade, dont il a été ministre des Affaires étrangères.
Plusieurs autres candidats également qui avaient combattu la validé de la candidature du chef de l’Etat sortant, ont décidé de lui barrer la route vers un troisième mandat.
Les résultats provisoires officiels devraient être communiqués vendredi d’après la commission électorale nationale autonome. Mais en attendant ces résultats, certains officiels estiment que le deuxième tour est inévitable. C’est par exemple le cas, du sous- secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, Johnnie Carson. M. Carson indique dans un communiqué distribué à la presse que « les résultats préliminaires montrent qu’un deuxième tour est très probable ».
Le même constat a été fait par le chef de la mission d’observation de l’Union européenne Thijs Berman. « Il y aura sans doute un second tour. Toute autre issue semble improbable d’après ce que nous avons entendu jusqu’ici », a déclaré Berman lors d’une conférence de presse à Dakar.
Présidentielle du 26 février


mercredi 29 février 2012 par La Rédaction © AfriSCOOP avec Agence

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Sénégal: l’histoire se répète

(L'Observateur Paalga 29/02/2012)

Ils sont estimés à 5,3 millions, les Sénégalais qui sont allés le dimanche 26 février 2012 aux urnes pour élire le président de la République. En tout 14 prétendants étaient en lice, dont le chef de l’Etat sortant, Abdoulaye Wade (85 ans), dont la candidature a été vivement contestée par ses vis-à-vis. Les électeurs sont sortis très nombreux accomplir leur devoir citoyen.Le record de participation pourrait s’accroître au gré du dépouillement. C’est avec grande satisfaction que nombre d’observateurs ont constaté le calme, la discipline et la sérénité dans lesquels le scrutin s’est déroulé. Wade lui-même s’en félicite, qui reconnaît que la consultation électorale s’est effectuée «dans le respect de nos valeurs et traditions multiséculaires de paix, de tolérance, de fraternité et de convivialité».
En réalité, le Sénégal est coutumier de cette situation et, avec la présidentielle de 2012, il vient encore une fois, malgré quelques soubresauts, de signer sa présence «dans le cercle restreint des démocraties modernes, majeures et apaisées». Transparent, démocratique et pacifique, le vote de dimanche dernier l’a été.
Cette transparence est à mettre au compte de la bonne organisation de l’élection. C’est donc sereine que l’opinion publique attend la suite des événements au «Pays de la Téranga» qui, sauf surprise de dernière minute, dira le célèbre chauve de Dakar mis en ballottage par un fils spirituel à lui devenu un de ses opposants, Macky Sall (50 ans), président de l’Alliance pour la République (APR).
En attendant les résultats globaux, prévus pour être en principe communiqués au plus tard vendredi prochain, ceux officiels du premier tour, dont la publication était toujours attendue hier mardi au moment où nous tracions ces lignes, donnaient Wade et son ancien Premier ministre, Macky Sall, en tête des premiers classements. Le second tour est donc inévitable, et après le 18 mars 2012 probablement, les Sénégalais devraient finalement connaître, entre les deux protagonistes, le nom du locataire du palais présidentiel de Dakar pour les sept ans à venir.
Wade, qui, lors d’une conférence de presse, affirmait, on ne sait trop en vertu de quelles prérogatives, que sur 282 collectivités locales sur 551, il était en tête avec 32,17% contre 25,24% pour l’ancien président de l’Assemblée nationale, Macky Sall, doit maintenant compter avec ce dernier, qu’on dit avoir gagné dans les plus grands départements du Sénégal et qui est décidé à le «mettre démocratiquement dehors».
Les rêves du président sortant s’évaporent avec le second tour, et c’est avec philosophie qu’il admet à demi-mot qu’il a été un peu trop vite en besogne. Gorgui avait en effet avoué qu’il était le maître de Macky. A présent, il doit se rendre à l’évidence qu’il ne doit pas «laisser l’élève le mettre au tapis».
C’est bien malheureusement ce qui risque de survenir à l’issue du second tour des élections, avec le jeu des alliances. Ceux qui l’ont soutenu mordicus auront alors, eux, tort de s’arc-bouter sur sa candidature et devraient par conséquent partager ses regrets.
Quand on sait qu’arrivé en troisième position, Moustapha Niasse, comme en 2000, est de nouveau «le principal faiseur de roi», on est fondé à croire enfin au départ du vieux. N’est-ce pas lui qui, sous Diouf, avait donné la victoire au chantre du Sopi (changement en wolof) lors du second tour, en donnant une consigne de vote à femmes et enfants en faveur du camp de celui-ci ?
Comme il y a 12 ans, la probabilité pour Macky de devenir président est donc très grande, puisque l’arbitre Niasse a annoncé la couleur, en affirmant qu’il apporterait son soutien au candidat de l’opposition le mieux placé, c’est-à-dire à l’ancien enfant du Sopi, l’ingénieur Macky.
Si on ajoute à cela les voix des autres ténors de la faune politique au Sénégal et celles de tous ceux qui ont battu le macadam pour réclamer le désistement de Wade, la victoire ne peut qu’être au rendez-vous pour l’enfant de Fatick. Ce serait aussi le signe et la preuve qu’on peut bien battre un président sortant si tout est bien organisé.
Le second tour, s’il est finalement confirmé, va, dans un peu plus de deux semaines, opposer les deux challengers, et les électeurs sénégalais des deux chapelles politiques seront encore appelés aux urnes avant de prendre leur mal en patience pour savourer la victoire de l’un ou de l’autre de leur représentant.

D. Evariste Ouédraogo

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Sénégal: Wade contraint à un second tour, résultats provisoires attendus

(Le Point 29/02/2012)

Le camp du président sénégalais Abdoulaye Wade, candidat contesté à un troisième mandat à 85 ans, dont 12 au pouvoir, a reconnu mardi qu'il serait contraint de disputer un second tour face à son ancien homme de confiance, ex-Premier ministre passé dans l'opposition, Macky Sall.
Cette confrontation avec Macky Sall, qu'il avait fait roi avant de s'en séparer sans ménagement en 2008, constitue un revers pour le président sortant qui, tout au long de sa campagne électorale s'était déclaré sûr de sa victoire au premier tour, comme en 2007, avec plus de 50% des voix.
"Tout indique qu'il y aura un deuxième tour: ce sont les chiffres qui le disent, on est au deuxième tour", a déclaré mardi à l'AFP El Hadj Amadou Sall, un des responsables de la campagne électorale de M. Wade.
Se basant sur les résultats provisoires du premier tour de dimanche concernant "30 des 45 départements" qui lui sont parvenus, il a indiqué que le président sortant est "au-dessus de 35%, 36%. On arrivera peut-être à 40%, mais les chiffres le disent, on est au deuxième tour".
D'après une estimation de l'AFP, sur la base de résultats officiels recensés par l'Agence de presse sénégalaise (APS) portant sur 39 des 45 départements sénégalais, Abdoulaye Wade arrive en tête avec 32,6% des voix, contre 25,8% à Macky Sall, qui devance Moustapha Niasse, également ex-Premier ministre de Wade (14,3%), ainsi que le patron du Parti socialiste Ousmane Tanor Dieng (11,7%) et un autre ancien résident de la Primature, Idrissa Seck (7,5%).
Lundi le chef de l'Etat, tout en gardant l'espoir d'une victoire au premier tour, avait admis qu'il pourrait être contraint d'aller à un second tour déjà jugé "inévitable" par l'opposition.
Il affrontera Macky Sall, ingénieur de formation âgé de 50 ans qui a été son ministre des Mines (2001-2003), de l'Intérieur (2003-2004), puis son Premier ministre (2004-2007) avant d'être élu président de l'Assemblée nationale. Tombé en disgrâce, il a créé sa propre formation, l'Alliance pour la République (APR).
Mardi, le responsable de la mission d'observation de l'Union européenne (MOE-UE), Thijs Berman, avait jugé qu'il y aura "très probablement un second tour", toute autre issue semblant "statistiquement impossible". Il a rapporté que la mission n'avait "pas constaté de manquements importants pendant et après le vote", en présentant à la presse ses conclusions préliminaires sur le premier tour de dimanche.
Cela a été confirmé par la mission d'observation de l'Union africaine (UA), conduite par l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, selon laquelle "aucun incident majeur pouvant avoir un impact significatif sur le vote n'a été constaté".
Les commissions départementales de recensement des votes publient depuis lundi les résultats pour chacun des 45 départements du Sénégal, mais aucune annonce officielle de résultats sur le plan national n'est prévue avant jeudi ou vendredi.
Le taux de participation a tourné autour de 60%, selon un chiffre encore provisoire de la Commission électorale nationale autonome (Céna), en baisse par rapport au taux de 70% de la présidentielle de 2007.
La date d'un éventuel second tour dépendra de l'examen de possibles recours devant le Conseil constitutionnel, la plus probable étant le 18 mars.
Il pourrait s'avérer difficile pour le président sortant qui, sauf retournement de situation, n'a plus de réserve de voix.
Il en est conscient et a expliqué lundi que, "dans la perspective d'un second tour", il allait "explorer toutes les possibilités d'entente avec d'autres forces politiques selon des modalités à convenir ensemble".
Ses principaux opposants ont, eux, proclamé comme mot d'ordre commun "Tout sauf Wade", promettant de s'unir derrière le candidat le mieux placé.
Les électeurs se sont mobilisés dans le calme au premier tour après des violences préélectorales qui avaient fait en un mois de 6 à 15 morts selon les sources.
La Croix-Rouge sénégalaise a indiqué mardi qu'elle avait secouru 153 blessés en 24 jours à Dakar et dans les provinces lors des violences ayant marqué les manifestations contre la candidature d'Abdoulaye Wade.
M. Wade, élu en 2000 et réélu en 2007, sollicite un nouveau mandat de sept ans, mais sa candidature a été jugée anticonstitutionnelle par ses opposants.


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PRESIDENTIELLE SENEGALAISE : Wade, suite et fin... ?

(Guineeconakry.info 29/02/2012)

Au Sénégal, la perspective du second tour se confirme de plus en plus. Déjà, dans sa brève conférence de presse de lundi, le président sortant avait admis cette douloureuse possibilité. Et hier, son porte-parole s’était montré encore plus explicite. Dans le contexte où s’est tenue cette élection, de nombreux observateurs assimilent une telle issue à une inéluctable fin de règne pour le président Abdoulaye Wade. Du coup, estiment-ils, la période qui séparera le premier et le second tour ne sera qu’une prolongation et un sursis pour le chef de l’Etat sortant. Même si en politique, on n’est jamais à l’abri de quelques surprises. Le président sénégalais avait refusé de se plier à l’argumentaire selon lequel une nouvelle candidature de sa part était contraire aux dispositions constitutionnelles. Il avait également passé outre le fait que son âge ne milite plus en faveur d’un nouveau mandat pour lui. Mais cette fois-ci, il risque de trouver sur sa route un mur en béton.
Seul souverain, le peuple sénégalais pourrait le contraindre à raccrocher. Et le plus pacifiquement qui soit.
Dans la perspective d’un second tour, très peu de scénarii laissent au vieux Wade une once de chance de rempiler pour un nouveau septennat. Son entêtement ne pourrait en fin de compter déboucher que sur petite rallonge de moins d’un mois, le temps qui sépare le premier et le second tour ! Il doit un tel sort à l’intransigeance dont il a fait montre vis-à-vis de la quasi-totalité de ses adversaires. Il risque de récolter l’amère rançon du rejet unanime.
Il faut rappeler que la seule chose sur laquelle tous les treize autres candidats étaient d’accord, c’était bien d’empêcher le président de se représenter une nouvelle fois. Si leurs égos démesurés avaient empêché l’émergence d’une candidature unique, aujourd’hui, le premier tour ayant servi de tamis et de baromètre, le choix devient plus aisé. On a même l’impression que les différentes consignes de vote sont implicitement données. Au point qu’on peut raisonnablement se demander si un seul leader de l’opposition se permettra d’opérer le virage nécessaire pour demander à ses partisans de voter pour Wade ? Le risque est d’autant plus grand que l’intéressé pourrait même se faire désavoué par son électorat. Parce qu’en réalité, les Sénégalais semblent décidés à dire à leur président qu’il est temps pour lui de laisser la place à quelqu’un d’autre. Un plus jeune et lucide que lui !
Ainsi qu’on peut le voir, Abdoulaye Wade file tout droit vers la fin de son règne, qui aura duré douze ans. Pour l’opposant historique qu’il a été, c’est une récompense suffisante, estiment ses compatriotes. Il aurait du le comprendre et en tirer les conséquences lui-même. Il ne l’a pas fait. Alors, les Sénégalais le lui ont rappelé sagement.
Le problème, c’est que pour lui, c’est moins élégant. Mais en politique, l'élégance n'est pas une qualité partagée.

Boubacar Sanso Barry

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Sénégal : les quatre erreurs de Wade

(Le Figaro 29/02/2012)

DÉCRYPTAGE - Tanguy Berthemet, envoyé spécial du Figaro à Dakar, analyse les résultats du premier tour des élections sénégalaises.À moins d'un improbable revirement, le président sénégalais devra affronter un second tour à l'élection présidentielle. Abdoulaye Wade s'était tellement dit sûr d'une victoire directe que cela passe presque pour une surprise. Pourtant, bien des signes montraient que ce pari était pour le moins osé. « Wade a péché par orgueil. Il s'est refusé à voir qu'il n'était plus aussi populaire qu'avant ou en tout cas à l'avouer publiquement », analyse un diplomate.
En bon connaisseur des siens, Wade ne pouvait en effet pas totalement ignorer la grogne des Sénégalais. Son score, que les médias sénégalais estimaient mardi aux alentours des 38 %, n'est certes pas négligeable. Mais sa base électorale s'affaiblit, loin des 55 % de l'élection de 2007. L'analyse des chiffres des élections locales de 2009 révélait déjà que son parti, le Parti démocratique sénégalais (PDS), en dépit d'une très large coalition, n'était plus majoritaire. La tentative échouée, en début d'année, de faire passer une réforme constitutionnelle permettant l'élection au premier tour d'un ticket président et vice-président avec seulement 27 % des voix sonne d'ailleurs comme la preuve d'une certaine inquiétude.
Les déçus du changement
Cet essai grossier de «tripatouillage» fut sa première et sa plus grosse erreur avec cette volonté de se représenter à un troisième mandat en dépit des promesses passées de ne rien en faire. L'élite intellectuelle sénégalaise, composante essentielle de sa victoire historique de 2000, lui a alors définitivement tourné le dos. Ces hauts fonctionnaires et ces artistes, qui ne manquent jamais de rappeler que le Sénégal se voit comme une véritable démocratie, n'ont pas apprécié de voir le pays ravalé au rang d'un bête «régime africain».
La deuxième faute de Wade est celle d‘avoir trop négligé un autre des piliers de ces triomphes passés. Les jeunes urbains, qui s'étaient massivement mobilisés lors des précédents scrutins, boudent. La pauvreté, la vie chère et le chômage ont fait d'eux les principaux déçus du sopi - le changement en wolof - promis par Wade. L'enrichissement rapide d'une minorité n'a rien arrangé. Les coupures d'électricité, incessantes pendant une décennie, ont-elles aussi puissamment nourri la déception.
Reste pour le président le poids des confréries musulmanes qui le soutiennent toujours discrètement. Abdoulaye Wade n'a jamais caché son affiliation à celle des mourides, l'une des plus grandes et des plus puissantes du pays. Il a reconnu avoir été élu avec l'appui mouride et s'en est même allé à Touba, leur capitale se prosterner devant le khalife. Ce faisant, il a rompu avec une tradition qui voulait que les chefs d'État ne fassent pas étalage de ces liens religieux. Cela a choqué, même au sein des mourides, mais plus encore parmi les fidèles des autres confréries, comme les tidjanes, qui toutes cohabitent pacifiquement.
Enfin, quatrième bévue, Abdoulaye Wade a sans doute aussi sous-estimé ses adversaires, à commencer par son probable challenger Macky Sall. Malgré ces errements, Abdoulaye Wade a tenté lundi d'afficher sa confiance. Si le combat qui s'annonce pour lui est loin d'être aisé, le vieux président et les siens gardent des atouts. Le poids de la fonction offre bien des avantages tant logistiques que financiers. Il a surtout Wade lui-même, qui en tribun doué et politicien madré, n'est jamais meilleur qu'en campagne.


Par Tanguy Berthemet

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De toute façon, Wade est battu

(Le Républicain (ml) 29/02/2012)

Sur le Sénégal, un postulat, deux évidences et deux enseignements. Le postulat: il n’est pas acceptable que soixante douze heures après un scrutin aussi crucial que les Sénégalais n’aient pas encore les résultats provisoires mais complets de la présidentielle du dimanche.
Parce que le Sénégal, sur ce plan, a l’avantage d’être de modeste superficie -comparé en tout cas au Niger qui avait ses résultats en quarante huit heures. Il a la réputation d’être parmi les mieux dotés de la sous région en termes de couverture téléphonique et internet. Il a, sans doute, des progrès à faire mais le continent respecte la qualité de ses ressources humaines et de son réseau de médias.
L’attente des résultats que le Sénégal s’impose présentement n’était donc pas une fatalité. Et plus elle dure, plus elle enlève des points à la démocratie sénégalaise. Pour les évidences, voici la première: avec les résultats de trente circonscriptions sur quarante, Maki Sall paraît désormais à l’abri du tsunami bleu et c’est bien à un second tour périlleux que Wade est contraint.
Seconde évidence, le vieux président a perdu jusque dans son quartier du Point E et à Dakar, son fief jadis. Pour les enseignements, il est d’abord clair que Wade a trop forcé son destin. S’il gagne contre son ancien Premier ministre, il aura vaincu sans gloire.
S’il perd, il sort par les gouttières et pas par la grande avenue que Diouf s’était élégamment offert en 2000. A moins qu’il n’accepte l’autel avant le scrutin. Or il n’est pas Iphigénie. Ensuite, lui le président triomphalement élu en 2000 ne sera pas le Mandela ouest africain qu’il avait légitimité et avait l’opportunité d’être. Il a utilisé son pouvoir jusqu’à ce qu’il ait cessé d’être un pouvoir. Hélas pour une jeunesse qui a désespérément besoin de champion.

Adam Thiam
Le Républicain

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EL HADJI AMADOU SALL, PORTE PAROLE DU CANDIDAT WADE: «Il y aura un deuxième tour»

(Sud Quotidien 29/02/2012)

Le porte-parole du candidat des Forces alliées pour la victoire (Fal 2012), El-Hadji Amadou Sall a déclaré hier mardi 28 février que tout « tout indique qu’il y aura un deuxième tour », coupant court à une rumeur distillée au sein de son camp jusque tard dans la soirée. Rumeur qui voulait que son candidat passait « dès le premier tour avec 51% au moins»El Hadji Amadou Sall a mis fin hier, mardi 28 février à la spéculation grosse d’embrasement sur les résultats du scrutin de dimanche dernier. Des rumeurs persistantes en effet, distillées au sein de son camp laissaient entendre malgré les résultats provisoires fournis par les commissions de recensement des votes des départements que son candidat, Me Abdoulaye Wade passait dès le premier tour avec « au moins 51% » des suffrages valablement exprimés. Ce que ne certifiaient nullement les commissions de recensement, ni les radios qui relayaient les décomptes des voix effectués.
Pour couper court à ces spéculations de la part d’individus assurément mal intentionnés ou cherchant à embraser le pays, Me El Hadji Amadou Sall, porte-parole du candidat Wade, donc voix autorisée si ça se trouve, interrogé par nos confrères de l’Agence France presse (Afp) de déclarer : « ce sont les chiffres qui indiquent que Me Abdoulaye Wade ira au deuxième tour. Le président sortant est au-dessus de 35%, 36%. On arrivera peut-être à 40%, mais les chiffres le disent, on est au deuxième tour ».
Le porte-parole du candidat des Fal 2012 a dit fondre son point de vue sur les résultats provisoires du premier tour de dimanche concernant 30 des 45 départements qui lui sont parvenus. Joint tard hier soir au téléphone, il confirme et souligne qu’il est la seule voix autorisée du candidat. Candidat qui, face à l’opinion nationale et internationale lundi dernier, n’avait pas exclu l’éventualité d’un second tour. Il avait souligné que dans la perspective d’un deuxième tour, sa coalition prendra contact avec d’autres forces politiques pour élargir ses voix.
El Hadji Amadou Sall son porte-parole qui s’inscrit également dans une telle dynamique, s’est déclaré d’attaque pour le deuxième tour et a fait montre de son optimisme de voir son candidat l’emporter devant son challenger. Selon des sources généralement bien informées, tous les résultats provisoires seront publiés aujourd’hui par la commission nationale de recensement des votes. Hier, seul le vote du département de Mbacké et celui à l’étranger n’étaient pas encore validés. Ce qui serait fait en principe dans la matinée d’aujourd’hui.

par Madior FALL

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Présidentielle sénégalaise: Wade s’accroche en dépit de tout

(Sidwaya 29/02/2012)

L’hystérisation uniforme du lynchage d’Abdoulaye Wade serait-il en train de payer ? C’est la grande question qui taraude l’esprit de plus en plus de Sénégalais et de Subsahariens au terme du premier tour du scrutin présidentiel. Alors que l’opposition, qui redoutait l’hypothèse d’un hold-up électoral, avait commencé à distiller ses propres chiffres, arguant qu’un second tour était inévitable, le président candidat, lui-même, est monté au créneau, le 27 février 2012. On a eu l’impression qu’il voulait reprendre la main sur certains de ses thuriféraires qui tablaient déjà sa nette victoire avec 53 ou 54%. Quid de ces derniers, il a joué balle à terre en soulignant que tout est encore possible. Il a indiqué que les résultats portant sur la moitié des collectivités locales le classent en tête avec 32,17% des suffrages exprimés contre 25, 24% pour son poursuivant immédiat.
On ne peut pas ne pas accorder de crédibilité à ces chiffres qui viennent d’un homme, le président sortant. Probablement que ces données seraient le croisement des résultats de son état-major de campagne et de ceux de la Commission électorale nationale autonome (CENA) qui, imaginons- le, éprouvera du coup de la peine à donner des résultats bouleversant l’ordre de classement. Qu’à cela ne tienne, Wade en personne, même s’il croît encore à une hypothétique victoire, vient d’avouer, ce que tout le monde ou presque attend. Un face à face avec l’un de ses fils vomis, Macky Sall, car arithmétiquement, si ce n’est pas par alchimie dont seuls les fossoyeurs de la démocratie ont le secret, il ne peut en être autrement. Déjà qu’il évoque la possibilité des alliances dans la perspective d’un second tour, c’est le signe qu’il fourbit déjà ses armes pour éviter que l’étau ne se resserre autour de sa famille politique.
Reste maintenant à savoir si ses promesses aguichantes vont charmer les candidats malheureux, pour la plupart engagés dans le Mouvement du 23 juin (M 23), qui le redouteraient comme la peste. Si ces derniers se muraient dans leur logique, il risque de se retrouver désespérément seul, ou du moins seulement avec de petites formations politiques incapables de mobiliser en dehors des limites originelles du Parti démocratique sénégalais (PDS) tenaillé et fragilisé par des querelles byzantines qui ont occasionné le départ de très grands leaders très remontés contre lui.
Il faudra alors que Me Wade s’arrache les cheveux pour s’accorder le viatique de ces derniers qui seraient en passe de lui faire ce que Moustapha Niasse a fait à Abdou Diouf en 2000 à l’occasion de la présidentielle qui l’a porté à la magistrature suprême du pays de la Téranga. Que dire des principaux candidats socialistes Tanor Dieng et Moustapha Niasse crédités respectivement de 11% et 18% ? Eux aussi essuient un sévère camouflet.
Pour la troisième fois consécutive, le pouvoir serait en train de leur échapper et on ne sait pour combien d’années. De sorte qu’on se demande s’ils vont se dérober de leur engagement au sein du M. 23 en ne donnant pas de consignes de vote. A propos, Niasse a donné un aperçu de la scène qu’il va jouer en indiquant qu’il va soutenir le candidat de l’opposition le mieux placé. Si M. Tanor l’entendait aussi de cette oreille, on voit mal comment le « vieux lion de la politique sénégalaise » ne flancherait pas. Avec lui, son fils Karim Wade et d’autres affidés imparablement mal logés pour rebondir sur l’échiquier politique national.
Ou du moins dans un futur proche. En revanche, la droite conserverait toujours le pouvoir sous la houlette d’un autre leader, suffisamment plus jeune et porteur de nombreux espoirs. Surtout que de nombreux observateurs ne s’attendaient pas à ce politicien madré à ce piédestal, le pire qu’on peut lui souhaiter, c’est d’espérer qu’il tire des enseignements de la probable défaite de son père spirituel pour, non seulement nouer les alliances, mais aussi et surtout les entretenir.

Adama BAYALA
badam1021@yahoo.fr

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Le second tour se précise: le palais reconnait sa déroute

(Rewmi 29/02/2012)

Le suspense n'est plus de mise. Deux jours après le premier tour de l'élection présidentielle du dimanche, la perspective d'un second tour se confirme. Le directoire de campagne du candidat Abdoulaye Wade l'a confirmé, hier, de même que plusieurs observateurs internationaux, dont ceux de l’Union Européenne.
Cap sur le second tour. Les proches de Wade qui le poussaient à forcer le barrage du premier tour, ont été contraints de se taire et penser au second tour. Ce que viennent confirmer les craintes de Wade, en conférence de presse. Pas de grand changement sur les chiffres avancés.
Les dernières tendances placent Abdoulaye Wade, en tête, suivi de Macky Sall, le leader de l'Alliance pour la République (APR), puis de Moustapha Niasse de Bennoo Siggil Senegaal. L'entourage du président sortant, candidat à sa succession, Abdoulaye Wade, a confirmé qu'un second tour se profilait. « Tout indique qu'il y aura un deuxième tour : ce sont les chiffres qui le disent, on est au deuxième tour », a déclaré El Hadj Amadou Sall, porte-parole du candidat Abdoulaye Wade. Il a fait cette déclaration un peu après la conférence de presse des observateurs de l'Union européenne. « Il y aura, très probablement, un second tour, toute autre issue nous semble statistiquement impossible, d'après ce que l'on sait et ce que l'on entend », a déclaré, mardi, Thijs Berman. D'après une estimation, sur la base de résultats officiels, portant sur 39 des 45 départements sénégalais, Abdoulaye Wade arrive en tête, avec 32,6% des voix, contre 25,8% à Macky Sall, qui devance Moustapha Niasse, également, ex-Premier ministre de Wade (14,3%), ainsi que le patron du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng (11,7%) et un autre ancien résident de la Primature, Idrissa Seck (7,5%).
Le président Wade avait laissé entendre, dès lundi soir, lors d'une conférence de presse, qu'un second tour était possible. « Le recensement qui, à l'heure actuelle, porte sur 282 collectivités locales sur 551, soit la moitié, nous classe en tête, avec 32,17% et 25,24%, pour mon suivant. Tout est donc encore possible, victoire ou second tour », disait-il, sans nommer « ce suivant » en question. Le taux de participation au premier tour a tourné autour de 60%, selon un chiffre encore provisoire donné par la Commission électorale nationale autonome (Céna). Lors de la dernière élection présidentielle en 2007, 70% des Sénégalais s'étaient rendus aux urnes. Le second tour est prévu le 18 mars.

Sambou BIAGUI

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Visite à Amadou Makhtar Mbow: Macky part à l'assaut de Bennoo

(Walfadjiri 29/02/2012)

La campagne pour le second tour a débuté pour Macky Sall. Pour rallier les autres candidats à sa cause, le leader de la coalition ‘Macky 2012’ qui est maintenant sûr d’être présent au second tour a rendu visite hier à Amadou Makhtar Mbow, président des Assises nationales.Le candidat Macky Sall, arrivé en deuxième position à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, a rendu visite hier à Amadou Makhtar Mbow. Une visite qui, selon le candidat de la coalition ‘Macky 2012’ s’explique principalement par le fait que Makhtar Mbow, le président des Assises nationales, ‘représente moralement toutes les parties prenantes des Assises’. Au sortir de cette rencontre, le leader de l’Alliance pour la république (Apr) assure qu’il veillera à ce que les conclusions des Assises nationales soient appliquées.
Macky Sall, pense qu’avec la médiation du patriarche Mbow, il espère rallier à sa cause tous les candidats à cette élection qui ont pris part aux Assises. Pour le leader de la coalition ‘Macky 2012’, le probable ralliement des autres candidats pour soutenir sa candidature entre dans la logique des choses. Signataire des Assises nationales et candidat au second tour de la présidentielle, il affirme : ‘Il est normal que je sollicite le soutien de mes camarades.’
Le comité national de pilotage des Assises nationales se réunit ce samedi pour ‘prendre position et éclairer l’opinion’ sur leur point de vue par rapport aux événements. Non content de solliciter le soutien d’Amadou Makhtar Mbow, Macky Sall compte aller en personne voir les autres candidats pour continuer le combat qui est de ‘faire partir Wade’. Car pour lui, c’est plus que l’heure de lui interdire définitivement le troisième mandat.
Pour rappel, Macky Sall est le seul candidat à l’élection présidentielle à avoir signé, sous réserve, les conclusions des Assises nationales. Le leader de la coalition ‘Macky 2012’ avait réfuté deux des accords des Assises qui proposaient le régime parlementaire, la limitation du mandat à deux et la durée du mandat à 5 ans.

Diomma DRAME

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Scrutin Présidentiel 2012: La mission d’observation du RESOSIT dresse un bilan mitigé

(Pressafrik 29/02/2012)

La mission d’observation du Réseau des Observateurs Citoyens (RESOCIT) a fini de faire son bilan du premier tour du scrutin présidentiel 2012. Une élection dans laquelle la mission d’observation a constaté des réussites mais aussi des dysfonctionnements.Le déroulement du vote a été satisfaisant dans l’ensemble, selon le RESOCIT qui a mis sur pied 2002 observateurs et moniteurs et 50 journalistes sur toute l’étendue du territoire national dans des bureaux de vote des 45 départements.
Un bilan satisfaisant du premier tour du scrutin qui s’explique par bon nombre de motifs. La transparence du scrutin, la réactivité de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), l’évolution de l’organisation du scrutin ont été saluées par la mission d’observation.
Les observateurs ont jugé « crédible » le fichier électoral, magnifié la présence massive des médias, mais aussi des électeurs en général et des femmes en particulier. Par ailleurs, « l’Etat semble respecter son engagement pour cette élection », a laissé entendre l’ancien secrétaire général de la CENA, Amadou Ciré Sall, par ailleurs dirigeant du réseau.
Cependant à côté de cette satisfaction, se dressent des dysfonctionnements dans le processus du vote. En effet, même si cela n’a pas réellement impacté sur la bonne tenue du scrutin, des manquements ont été constatés par les observateurs. Le déficit de confiance vis-à-vis du Conseil Constitutionnel qui a suscité la méfiance de la plupart des acteurs politiques et l’absence de dialogue sont très déplorés par le RESOCIT qui a également souligné les difficultés dans le retrait des cartes d’électeurs qui auraient impacter sur le taux de vote. Les tentatives de fraude et de corruption, ainsi que l’absence de représentants dans certains bureaux de vote sont également décriées.
La mission d’observation en dehors du constat, a tenu à faire un certain nombre de recommandations. Le retrait des cartes pour le second tour, la formation des gestionnaires des bureaux de vote et le rétablissement du dialogue entre politiques pour rétablir la confiance sont entre autres les exhortations du RESOCIT.

Mamadou Sakhir Ndiaye

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Baldé vote Macky Quatre, et les comptes de l’Anoci passent par pertes et profits ?

(Sud Quotidien 29/02/2012)

Lorsqu’Abdoulaye Baldé, nouveau maître de Ziguinchor, répondra à l’invite de Macky Sall, la conclusion à en tirer, sans doute, est que l’audit de l’Anoci à partir duquel tout s’est envenimé ne sera pas la priorité du Président Macky Quatre…Et dire que tout est parti d’un malentendu… Nos destins ne tiennent à rien. Macky Sall, président de l’Assemblée nationale qui décide de convoquer Karim Wade devant les députés pour une séance d’explications au sujet de l’Anoci. Les zélateurs à qui on n’apprend pas l’art de retourner une situation s’en saisissent et descendent en flamme l’ingrat auquel Wade a tout donné et qui le paye en voulant humilier son fils publiquement.
Farba Senghor qui part au quart de tour dans ces cas-là, n’économise ni son temps, ni son énergie, ni sa salive : il faut pendre Macky Sall haut et court, et il est prêt à fournir la potence gratis. Le pauvre Macky Sall n’y comprend rien et se défausse sur le président de la commission des finances, Mamadou Seck qui trouve les mots justes pour sauver sa peau, à lui, au moins. Pour Macky Sall, c’est plus compliqué. Qui le rend si hardi de troubler le Palais ? Il a beau s’expliquer, demander grâce jusque chez le khalife de Touba, la fureur présidentielle ne fait que croître.
Personnellement, je suis presque certain que la convocation de Karim Wade n’a aucune malice. Faut-il le rappeler ? C’est Abdoulaye Baldé le directeur exécutif de l’Anoci, Karim Wade est alors le président du conseil de surveillance. Si quelqu’un doit répondre des comptes de l’Anoci, après un audit des cabinets d’experts et un contrôle de l’Inspection d’Etat, c’est bien Abdoulaye Baldé. Macky Sall, à cette époque, fait du zèle et multiplie les idées lumineuses pour convaincre le président Wade qu’il st digne de lui succéder. Ce simulacre d’exercice démocratique du contrôle de l’exécutif, sous l’apparence d’une convocation aurait certainement permis à Karim Wade de faire le beau devant un parterre de béni-oui-oui qui éviteraient soigneusement les sujets qui fâchent. On devrait plutôt féliciter Macky Sall de cette trouvaille qui a l’avantage exquis de jeter de la poudre aux yeux des sourcilleux bailleurs de fonds à propos des principes de bonne gouvernance. Seulement voilà : le cercle des proches du clan Wade le condamne à la peine capitale, il ne reste qu’à l’exécuter.
Pourtant, il y a bien des arguments qui plaident en sa faveur : à l’époque, il vient juste de triompher comme directeur de campagne du candidat à la présidentielle de 2007, Gorgui «dolli gnou» Wade, lequel passe au premier tour au rythme du tube de Pape et Cheikh. Il remet ça quelques mois plus tard, en tête de liste de la coalition des wadistes et devient président de l’Assemblée nationale dans la foulée.
Qu’est-qui peut bien leur passer par la tête à tous, pour que l’affaire dégénère ? Dans les entourages de Karim Wade et Macky Sall, une sorte de guerre froide se propage et personne ne fait rien pour arrondir les angles, bien au contraire. C’est le prolongement d’une zizanie savamment orchestrée depuis les couloirs de la Présidence par quelques conseillers très écoutés qui font remarquer au président que son placide Premier ministre d’alors, Macky Sall, a la grosse tête, est mal conseillé, mal entouré. Cruelle déception du père Wade qui se voit obligé de changer ses plans pour une seconde fois. A la suite d’Idrissa Seck, qui s’est montré ingrat, la tribu Wade voyait bien le p’tit gars de Fatick servir de bélier à Karim Wade sous la forme d’un ticket avec vice-président. Un scénario à la Jean Collin… Faut donc revoir tout ça.
Abdoulaye Baldé dont l’épouse Amy Gassama, est la fille de Macky Gassama, homonyme de Macky Sall, est mis sur orbite. Leurs relations sont un rien tendues, depuis que Macky, l’enfant du personnel de maison, est devenu Premier ministre. C’est déjà pénible de le voir occuper avant cela le ministère de l’Intérieur dont son chéri Abdoulaye Baldé (policier parti se perfectionner à l’Ena) rêve tout haut et qu’il lui chipe de justesse. Difficile de continuer à le regarder de haut, il est pratiquement le chef de la tribu. Des retournements de situation de ce genre, ça vous crée des haines inextinguibles.
Tout ça est derrière eux, désormais. La main tendue de Macky Sall à Abdoulaye Baldé pour la deuxième fois en quinze jours finira bien par trouver un écho favorable. Ils sont de la même tribu qu’un malentendu a failli faire imploser. Et ce n’est vraiment pas le moment d’énerver Amy Gassama.

Ibou Fall

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PRESIDENTIELLE SENEGALAISE : Wade, suite et fin... ?

(Guineeconakry.info 29/02/2012)

Au Sénégal, la perspective du second tour se confirme de plus en plus. Déjà, dans sa brève conférence de presse de lundi, le président sortant avait admis cette douloureuse possibilité. Et hier, son porte-parole s’était montré encore plus explicite. Dans le contexte où s’est tenue cette élection, de nombreux observateurs assimilent une telle issue à une inéluctable fin de règne pour le président Abdoulaye Wade.

Du coup, estiment-ils, la période qui séparera le premier et le second tour ne sera qu’une prolongation et un sursis pour le chef de l’Etat sortant. Même si en politique, on n’est jamais à l’abri de quelques surprises. Le président sénégalais avait refusé de se plier à l’argumentaire selon lequel une nouvelle candidature de sa part était contraire aux dispositions constitutionnelles. Il avait également passé outre le fait que son âge ne milite plus en faveur d’un nouveau mandat pour lui. Mais cette fois-ci, il risque de trouver sur sa route un mur en béton.
Seul souverain, le peuple sénégalais pourrait le contraindre à raccrocher. Et le plus pacifiquement qui soit.
Dans la perspective d’un second tour, très peu de scénarii laissent au vieux Wade une once de chance de rempiler pour un nouveau septennat. Son entêtement ne pourrait en fin de compter déboucher que sur petite rallonge de moins d’un mois, le temps qui sépare le premier et le second tour ! Il doit un tel sort à l’intransigeance dont il a fait montre vis-à-vis de la quasi-totalité de ses adversaires. Il risque de récolter l’amère rançon du rejet unanime.
Il faut rappeler que la seule chose sur laquelle tous les treize autres candidats étaient d’accord, c’était bien d’empêcher le président de se représenter une nouvelle fois. Si leurs égos démesurés avaient empêché l’émergence d’une candidature unique, aujourd’hui, le premier tour ayant servi de tamis et de baromètre, le choix devient plus aisé. On a même l’impression que les différentes consignes de vote sont implicitement données. Au point qu’on peut raisonnablement se demander si un seul leader de l’opposition se permettra d’opérer le virage nécessaire pour demander à ses partisans de voter pour Wade ? Le risque est d’autant plus grand que l’intéressé pourrait même se faire désavoué par son électorat. Parce qu’en réalité, les Sénégalais semblent décidés à dire à leur président qu’il est temps pour lui de laisser la place à quelqu’un d’autre. Un plus jeune et lucide que lui !
Ainsi qu’on peut le voir, Abdoulaye Wade file tout droit vers la fin de son règne, qui aura duré douze ans. Pour l’opposant historique qu’il a été, c’est une récompense suffisante, estiment ses compatriotes. Il aurait du le comprendre et en tirer les conséquences lui-même. Il ne l’a pas fait. Alors, les Sénégalais le lui ont rappelé sagement.
Le problème, c’est que pour lui, c’est moins élégant. Mais en politique, l'élégance n'est pas une qualité partagée.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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mardi 28 février 2012

Youssou Ndour avec Obassanjo

Gadio va soutenir Macky Sall au 2nd tour

Premiere déclaration de Macky Sall

Sénégal : résultats imminents

(BBC Afrique 28/02/2012)

La Commission électorale prévoit de publier les premiers résultats de l'élection présidentielle dans le courant de la journée.

Les observateurs de l'Union européenne appellent à la publication au plus vite de ces résultats.
Abdoulaye Wade et Macky Sall devanceraient leurs concurrents.
Les observateurs déplorent un "manque de transparence" de la part du ministère sénégalais des élections, même s'ils estiment, dans leur rapport préliminaire, que les opérations de vote n'ont pas été entachées de fraudes.
La mission d'observation de l'UE estime qu'au vu des chiffres en sa possession, on s'achemine vers un second tour.
Le président Abdoulaye Wade, qui a avancé ses propres chiffres, a déclaré que "tout est encore possible".
Abdoulaye Wade, candidat à sa propre succession, a indiqué qu'une victoire ou un second tour était envisageable.
Le président sortant a expliqué que, dans l'hypothèse d'un second tour, il comptait "explorer toutes les possibilités d'entente avec d'autres forces politiques, selon les modalités à convenir ensemble".
Ses propos laissent entrevoir l'émergence de nouvelles alliances politiques.
Macky Sall, l'un des 14 candidats en lice, a, pour sa part, affirmé qu'un second tour était inévitable.
La presse locale prédit un second tour qui opposerait Abdoulaye Wade à son ancien Premier ministre, Macky Sall, qui fait désormais figure de principal candidat de l'opposition.


Dernière mise à jour: 28 février, 2012 - 12:54 GMT

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Alliances pour le second tour : Cheikh Tidiane Gadio soutient Macky Sall (Officiel)

(Pressafrik 28/02/2012)

La coalition « Luy Jut Jotna » du candidat à l’élection présidentielle Cheikh Tidiane Gadio va soutenir Macky Sall au second tour, a déclaré son porte-parole.

« Nous allons accompagner le président Macky Sall pour mettre fin au règne d’Abdoulaye Wade et pour qu’il soit mis un terme à l’affaissement des institutions », a indiqué Jean-Louis Corréa, dans un entretien à la radio privée RFM.
Les résultats officiels du premier tour de l’élection présidentielle de dimanche dernier,sont toujours attendus. Des observateurs et des candidats admettent la forte probabilité de la tenue d’un second tour, en se basant sur les tendances.
Le président sortant, Me Wade qui a admis la possibilité d’un tel scénario, et son ancien Premier ministre Macky Sall sont annoncés à ce second tour.
Jean-Louis Corréa estime que « les Sénégalais ont choisi de mettre en avant Macky Sall et Abdoulaye Wade », ajoutant : « nous disons très clairement que nous soutenons le candidat Macky Sall ».
« De ce point, puisque c’est la personne la mieux placée et puisque notre position est une position logique et cohérente, nous ne voterons pas Abdoulaye Wade », a-t-il ajouté, affirmant qu’Abdoulaye Wade « n’a rien à faire dans ce scrutin ».
Par ailleurs, le porte-parole de Cheikh Tidiane Gadio a appelé « Macky Sall à mettre en place un large front républicain et citoyen qui va permettre définitivement dans ce pays de mettre de côté le rêve fou de dévolution monarchique du pouvoir ».
Il l’a en outre invité à « créer les conditions de la satisfaction des urgences de la demande sociale, d’une bonne gouvernance sous l’égide d’une nouvelle Constitution qui va consolider les institutions et la démocratie dans notre pays », cite l’Agence de presse sénégalais (APS).

Gata DORE
Mardi 28 Février 2012 - 14:15

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Ousmane Tanor Dieng : ‘’ C’est impossible de soutenir Wade’’

(PiccMi 28/02/2012)

Suite à une interview accordée au quotidien "L'Observateur", le candidat de la coalition Bennoo ak Tanor, revient sur les échéances du 26 février 2012, les premières tendances mais aussi sur la sortie de Abdoulaye Wade. Piccmi.com l'a parcouru pour vous!

Les premières tendances classent les socialistes au 4ème rang. N'empêche, leur leader Ousmane Tanor Dieng dit n'avoir pas de regrets. Interpellé sur les résultats obtenus par son camp et celui de Niasse, et la possibilité de changer la donne si une entente avait pu être trouvée au sein de Bennoo Siggil Senegaal, le socialiste ne regrette rien : "on ne peut pas refaire l'histoire, en disant qu'on aurait du faire ceci à la place de cela. Je pense que les choses se sont passées comme elles devaient se passer, donc il n'y a rien à regretter. Nous pensons que ce que nous avons fait à l'époque, c'est ce que nous devions faire".
Quant à la possibilité de s'allier avec Wade, Tanor signale que toute discussion avec le camp présidentiel est exclue et précise : lorsque nous aurons tous les résultats, nous discuterons au sein de notre coalition et ces problèmes vont être abordés et discutés (...) Une fois que nous aurons echangé, nous prendrons une décision et nous verrons comment la mettre en oeuvre en rapport avec Macky Sall":

Racky Bintou - Piccmi.com
Mardi 28 Février 2012 - 12:50

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«Nous soutiendrons le candidat de l’opposition quel que soit son nom» (Abdourahmane Diouf)

Dakaractu 28/02/2012)
DAKARACTU.COM Le porte-parole du candidat Idrissa Seck est ferme au moins sur une position: celle de ne pas faire alliance avec le candidat de Fal 2012 pour le deuxième tour. «Nous nous sommes battus pour que Wade ne soit pas candidat et nous pensons qu’au soir du 3avril, il va quitter le pouvoir», argumente le porte-parole de Idy. Selon Diouf, la coalition Idy4président a affirmé et réaffirmé son engagement à soutenir le candidat de l’opposition le mieux placé. «Aujourd’hui, c’est peut-être Macky Sall, mais on ne le sait pas encore, nous attendons le résultat final. Quel que soit le candidat de l’opposition le mieux placé, nous allons le soutenir», martèle le porte-parole du président du Rewmi.

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Bara Tall appelle à voter Macky

(Rewmi 28/02/2012)

Même si les résultats provisoires n’ont pas encore été rendus publics par la CENA, les esprits sont déjà tournés vers un éventuel alléchant duel Wade-Macky. En tout cas les tractations vont bon train en vue de tisser des alliances. On nous apprend que le président du Mouvement Yamalé, Bara Tall, va soutenir la Coalition Macky 2012 et faire voter en faveur du Président Macky Sall.
M.B
Mardi 28 Février 2012 - 14:51

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Présidentielle sénégalaise: Les Etats-Unis annoncent un 2e tour et mettent la pression sur la Cena

(Leral 28/02/2012)
Suite à l'annonce des résultats provisoires, les Etats-Unis ont déclaré que le deuxième tour est probable. De quoi freiner toute velléité de proclamer une victoire au 1er tour.

Dans un communiqué publié hier, le sous-secrétaire d'Etat aux affaires africaines, Johnnie Carson, déclare qu'un "deuxième tour est très probable".
Poursuivant, il a informé que "le gouvernement des Etats-Unis et le peuple sénégalais attendent avec impatience l'annonce officielle des résultats provisoires par la Commission nationale de recencement des votes très bientôt". Il invite les autorités juridiques à travailler de façon neutre et de traiter toutes les plaintes avec diligence.

Bineta Kane ( Leral.net )

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Son clan tente un passage en force, l’opposition évoque un second tour: L’ultime bataille de survie de Abdoulaye Wade

(El Watan 28/02/2012)
Dans l’attente des résultats officiels de la présidentielle de dimanche, les principaux candidats de l’opposition et le clan du président sortant, Abdoulaye Wade, se sont livrés durant la journée d’hier une bataille par communiqués interposés pour revendiquer chacun la victoire dans les circonscriptions où se concentre le gros de l’électorat sénégalais.

Mais quoi qu’il en soit, Abdoulaye Wade est bien loin d’avoir obtenu la «victoire nette et sans bavure» promise il y a quelques semaines à ses partisans, preuve sans doute que sa cote a considérablement chuté au sein de la société. Et ce n’est pas faux de dire que le président sortant est aujourd’hui dans ses petits souliers.
Et cet état de fait, ses adversaires l’ont bien compris, en témoignent leurs déclarations triomphalistes au lendemain du scrutin. «Les chiffres en notre possession indiquent qu’un second tour est inévitable. Nous avons gagné les plus grands départements du Sénégal», a déclaré Macky Sall, l’un des principaux candidats d’opposition et ancien Premier ministre du président sortant, Abdoulaye Wade. Malgré l’échec annoncé, dans le camp de Wade, on tente autant que possible de garder la tête froide et de rester stoïque. Assailli par la presse, El Hadj Amadou Sall, un des responsables de la campagne du président Wade, a soutenu avec conviction que «(…) rien ne permet de dire qu’il y aura un deuxième tour». Selon lui, les derniers résultats en sa possession portaient uniquement sur «8% à 9%» des votes et «il n’y a pas de tendance lourde». Le camp du président sortant Abdoulaye Wade, qui était opposé à 13 candidats, a encore estimé qu’il n’y avait pas encore de «tendance lourde» permettant de tirer une conclusion concernant un éventuel second tour.
Surenchère verbale et avertissements de l’opposition
Mais au beau milieu de cette surenchère verbale, les médias sénégalais soutiennent effectivement, sur la base d’estimations non officielles, qu’il faudra un second tour pour départager les deux camps. Au-delà de la question de savoir qui gagnera cette élection tant décriée, la société sénégalaise apparaît surtout soulagée que le scrutin se soit déroulé dans le calme. Après des violences préélectorales qui avaient fait de 6 à 15 morts selon des sources, le premier tour de la présidentielle a même mobilisé les électeurs.
Le taux de participation tourne autour de 60%, selon un chiffre encore provisoire de la Commission électorale nationale autonome (Céna), en baisse tout de même par rapport au taux de 70% de la présidentielle de 2007. Maintenant, dans l’hypothèse d’un second tour, le président Wade a-t-il réellement des chances de se succéder à lui-même ? Peu probable, affirment les observateurs avertis. Hué dimanche lorsqu’il est allé voter dans son bureau de vote de Dakar et où il a d’ailleurs été devancé par Moustapha Niasse, le chef de l’Etat ne semble plus avoir aucun moyen pour rebondir. L’idée se tient d’autant que, sauf retournement de situation, il n’a plus de réserve de voix et que ses principaux opposants ont eu comme mot d’ordre commun, «Tout sauf Wade», promettant de s’unir derrière le candidat le mieux placé en cas de second tour. «Le principe, c’est de voter pour le candidat d’opposition le mieux placé.» Il y aura une «union» contre Wade, a rappelé Abdou Latif Coulibaly, un des responsables de la campagne d’un autre poids-lourd de l’opposition, Moustapha Niasse, également ex-Premier ministre du président Wade.
Convaincu également Abdoulaye Wade est en perte de vitesse et qu’il n’est pas admissible de le voir gagner, Macky Sall, l’un des principaux candidats d’opposition et ancien Premier ministre, a aussi averti que «quiconque serait tenté de violer» la «souveraineté du peuple» qui s’est exprimée au premier tour, «porterait la responsabilité de la colère populaire qu’il susciterait ainsi». «Entendre parler de victoire au premier tour est inadmissible. Cela engendrerait des conséquences graves. Au sortir d’une journée comme celle du 26 février, et des mois de tension que nous venons de connaître, marqués par de trop nombreux morts et blessés, il ne faudrait pas bafouer encore la volonté du peuple», a-t-il ajouté tout en mettant garde contre les risques qui pourraient découler d’une fraude ou d’une volonté de maintenir le président sortant au pouvoir. Voilà que le candidat Wade est prévenu.
A signaler que la date d’un éventuel second tour dépendra de l’examen de possibles recours devant le Conseil constitutionnel : la date la plus probable est, indique-t-on, le 18 mars.


Zine Cherfaoui

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Sénégal : l'électricité sera au coeur des priorités du prochain président

(Les Echos 28/02/2012)
Des générateurs d'électricité ont été loués par l'Etat sénégalais pour mettre fin aux délestages pendant la campagne électorale. En attendant l'arrivée de nouvelles centrales.
A Dakar, malgré l'incertitude politique, les habitants profitent d'un certain répit. Ceux qui promettaient que Dakar sombrerait de nouveau dans le noir le 27 février en sont pour leurs frais. Pour l'heure, les Dakarois bénéficient des générateurs loués par l'Etat sénégalais avant la campagne électorale. « Faire campagne avec des délestages était inimaginable pour l'actuel président Wade », commente un investisseur étranger. Excédés par les récentes coupures à répétition, les Dakarois s'interrogent toutefois sur le maintien des générateurs après la présidentielle. « Si l'Etat ne paie plus les locations, on replongera dans le noir », redoute un investisseur. Au lendemain du premier tour de la présidentielle de dimanche, l'incertitude politique est immense. L'opposant Macky Sall se dit « au coude-à-coude » avec Abdoulaye Wade et prédit un second tour. A l'inverse, dans le camp du président sortant, on estime qu'aucune « tendance lourde » ne se dessine. Une certitude : le futur président, quel qu'il soit, aura parmi ses vastes chantiers celui de l'énergie.
Location des générateurs
La location des générateurs est temporaire, des centrales intermédiaires -au fuel et moins coûteuses -puis d'autres, définitives, au charbon, prendront le relais dans quelques années afin « d'ancrer le Sénégal dans l'émergence économique », promet l'actuel ministre des Infrastructures Karim Wade en évoquant le plan Takkal. « Nous avons loué des générateurs à hauteur de 150 mégawatts pour faire des opérations de maintenance sur les centrales existantes et nous permettre d'absorber la croissance de la demande d'électricité, de 10 % par an », explique-t-il. Critiqué pour cette solution coûteuse, le fils de l'actuel président ajoute : « Les délestages ont coûté près de 1,4 % de PIB à l'économie sénégalaise, alors qu'en investissant 25 milliards de francs CFA (0,038 milliard d'euros) par an dans la location, on génère 125 milliards de francs CFA de PIB annuel. » « Toute l'Afrique de l'Ouest est en délestage, indique le banquier franco-béninois et président de PAI Partners, Lionel Zinsou. D'abord, en raison de la croissance. Dès qu'un pays franchit 5 % de croissance, le taux de demande solvable en électricité est d'une fois et demie la croissance du PIB. S'ajoutent à cela des réseaux de transport et de distribution souvent anciens. »
Réhabilitation des centrales
Pour pallier les difficultés, le Sénégal s'est engagé dans la réhabilitation des centrales existantes et des réseaux ; deux centrales de 125 mégawatts sont en construction et une troisième -pour laquelle Karim Wade affirme « être en discussion avec EDF et son partenaire chinois Datang » -est envisagée. Pour l'heure, la réforme du secteur de l'électricité s'appuie sur le prêt de 40 milliards de francs CFA (60 millions d'euros) accordé en juillet dernier et sur l'aide de la Banque mondiale. Le président Wade dit vouloir « électrifier tout le Sénégal en 2020 ». Un pari tardif, alors qu'il y a quelques années le Sénégal promettait déjà l'électrification du pays à hauteur de 75 % pour 2012. Même si les autorités disent avoir multiplié par quatre l'électrification depuis 2000, moins d'un quart des 13 millions de Sénégalais ont aujourd'hui accès à l'électricité.


MARIE-CHRISTINE CORBIER

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Elections sénégalaises : le 1er tour K.O-tique n’a pas eu lieu !

(La Nouvelle Tribune (Bn) 28/02/2012)
Papy Wade en voie défait ? « L’enfarineur de Dakar » qui a succédé sur la scène politique ouest-africaine au tristement célèbre « boulanger d’Abidjan » dans ses frasques, serait-il promis à un sort similaire à celui de son illustre prédécesseur ivoirien ? Sans doute pas au point de se retrouver derrière les grilles de la cour pénale internationale, mais à en juger par le déroulement du scrutin et les premières tendances soties des urnes, Me Abdoulaye Wade n’a probablement pas emporté l’élection présidentielle au premier tour. Et si cela se confirmait, on peut déjà commencer à chanter le requiem de la dynastie Wade.
Le pire que les Sénégalais craignaient de la journée électorale du 26 février 2012 aurait eu deux facettes : chaos et K.O. Mais fort heureusement, le premier n’a pas eu lieu. Loin de là. Et le second s’éloigne des perspectives au fur et à mesure que les résultats de l’élection présidentielle se précisent. Il faut croire que la maturité du peuple sénégalais, sur les deux points, a été établie. Et que le sort a su être conjuré.
Il est vrai que ces derniers jours, le Sénégal n’a pas donné aux observateurs extérieurs et encore moins à ses populations à l’interne des motifs d’assurance et de quiétude. L’obstination des jeunes du collectif M23 à vouloir manifester place de l’indépendance contre la candidature jugée illégitime de Me Abdoulaye Wade, la répression ardue de ces rassemblements, les propos va-t-en-guerre de l’ensemble des acteurs de la scène politique, la « jungle » électorale … Tout donnait motif à angoisse et appréhension. Les Sénégalais iraient-ils finalement voter ? Dans la paix ? Et pour qui le feraient-ils étant donné que l’opposition dans sa grande majorité n’avait pas vraiment pris le temps d’aller au-devant des populations afin d’exposer ses ambitions pour le Sénégal de demain, le Sénégal sans Wade qu’il appelait de tous ses vœux ? Ne risquait-on pas d’assister à des scènes de violences électorales ? Et si Papy Wade l’emportait au premier tour ?
Les interrogations étaient nombreuses et variées. Elles expliquent sans doute le taux de participation qui s’annonce légèrement en deçà de ce qu’il fut en 2007. Mais hormis ce recul compréhensible, le peuple sénégalais pour le reste, a donné des signaux forts. La sérénité et le calme dans lesquels se sont déroulées les opérations électorales tout au long de la journée du 26 février, ont éloigné d’un coup le spectre des violences électorales tant redoutées. Comme d’autres peuples avant eux, les Sénégalais ont retrouvé à l’occasion du scrutin, la voie de la tolérance mutuelle. Le plus important étant, ils l’ont compris, d’exprimer par les urnes les positions qu’ils ont pour les uns défendues dans les rues, et pour les autres appuyées en accompagnant Me Wade dans ses virées à travers la république en campagne. Le chaos est évité.
L’autre motif de satisfaction, c’est que le K.O. annoncé par le camp Wade au premier tour n’a pas eu lieu. Et n’aura probablement pas lieu. La stratégie de la victoire au premier tour est connue et invariablement la même : dès lors qu’elle est promise, l’équipe de campagne n’attend habituellement pas la proclamation par les instances habilitées avant d’annoncer la concrétisation de la promesse (ou de la menace ; selon le camp où l’on se trouve). Ainsi, s’il devait être donné à Me Wade d’emporter le scrutin du 26 février dernier dès le premier tour, il n’y a pas de raison pour que cette victoire n’ait déjà été annoncée par son équipe de campagne. Plutôt que cela, le parti démocratique sénégalais (PDS), en perte de repères et en l’absence d’expression de son leader depuis les huées subies à l’occasion de son vote à Dakar, tente de gagner du temps. Laissant du coup l’opposition démontrer, à travers les premières tendances sorties des urnes, qu’un second tour est inévitable. D’ailleurs, Me Wade devait en être suffisamment conscient et depuis bien longtemps déjà. Lui qui, dans son projet de révision constitutionnelle du 23 juin dernier, ne tablait que sur 25% des suffrages exprimés pour que soit élu au premier tour le ticket présidentiel qu’il entendait instituer. Dans les circonstances actuelles, l’annonce par la Commission électorale nationale autonome (CENA) d’une victoire du Président Abdoulaye Wade au premier tour relèverait de la forfaiture la plus sordide. Conscient d’ailleurs de l’improbabilité de cette perspective, certains ténors du camp présidentiel s’en prennent déjà vertement aux possibles candidats qui pourraient affronter leur champion au second tour. L’ancien Premier Ministre Macky Sall qui semble avoir les chances des premières tendances est notamment stigmatisé comme étant en grande partie comptable du bilan de son ancien mentor.
L’épidémie de K.O. qui s’est récemment épandue dans l’Afrique des élections présidentielles épargnerait donc le Sénégal. A l’analyse, c’est de l’obstination et de l’aveuglement de Me Wade que procèdera, en cas de second tour sa défaite inéluctable. Mais le scrutin du 26 février 2012 au Sénégal a bien d’autres leçons à donner. La fin d’une génération sans doute. Le désaveu de certaines politiques plus que probablement. Et bien entendu l’essor d’un nouvel espoir pour une jeunesse sénégalaise trop souvent laissée sur le carreau. Mais rien n’est encore joué. Il ne faut pas vendre la peau du renard…

Écrit par James-William GBAGUIDI

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Qui est Macky Sall ?

(La Libre 28/02/2012)
Visage rond et petites lunettes, vêtu d’une gandoura crème, il semblait impassible, en savourant sa première victoire.

Portrait
Dimanche, alors que les Sénégalais désignaient Macky Sall comme le principal challenger d’Abdoulaye Wade, le héros du jour ne montrait rien de son émotion, installé au premier étage de son QG de campagne dans un faubourg de Dakar. De là, il pouvait pourtant percevoir l’écho assourdissant des klaxons et des youyous de ses supporters, exultant de joie à l’annonce des premiers résultats. Leur candidat venait de réussir le grand huit ! C’est lui, plus qu’aucun autres opposants en lice, qui a réussi à mettre en ballottage le vieux Président. Pendant la campagne, Wade a affiché un mépris profond pour ses opposants, promettant de "leur faire mordre la poussière". Au soir du premier tour, c’est bien le Vieux qui semble terrassé, se trouvant au coude à coude avec ce quinquagénaire "terne et insaisissable", selon certains.
"Macky Sall est en réalité un homme discret qui a beaucoup appris en côtoyant Abdoulaye Wade", tempère le professeur Mamadou Mbodj, un psychologue qui a analysé les discours politiques des candidats sénégalais.
Avant d’être un opposant, Macky Sall était un apparatchik.
Aujourd’hui âgé de 50 ans, il a ainsi été deux fois ministre et même le Premier ministre de Wade entre 2004 et 2007. Lors des présidentielles qui avaient lieu cette année-là, il fut le directeur de campagne, œuvrant alors pour la première rééléction du Vieux. "En réalité, Macky Sall n’a pas eu vraiment le temps de s’imposer comme un dauphin", souligne le professur Mbodj. "Mais en observant le fonctionnement du Palais, il a compris l’intérêt de jouer les introvertis au risque de paraître effacé."
S’il ne fut jamais tout à fait le dauphin désigné, le nouveau champion de l’opposition a bien été un fils politique. Il provoquera lui-même sa chute en osant s’attaquer au fils biologique. En 2008, Macky convoque en effet Karim Wade à l’Assemblée nationale dont il est alors devenu le président. Motif ? Une enquête sur des malversations financières. Le fils du Président a plusieurs fois été soupçonné de corruption mais il est intouchable. Macky Sall s’attire aussitôt les foudres présidentielles. Wade signe peu après une réforme qui ramène le mandat du président de l’Assemblée de cinq à un an. Exit Macky, sacrifié au nom du successeur légitime, le fils du chef.
Mais l’homme discret va utiliser son éviction pour préparer son retour sur scène. Il n’est plus que le maire de Fatick, une petite ville du sud du pays, mais il va multiplier les tournées en province et dans le monde où il s’attire les faveurs de l’immense diaspora sénégalaise. "Parmi les immigrés sénégalais, il y a beaucoup d’hommes d’affaires qui ont réussi à New York comme à Londres ou Johannesburg. Leur soutien sera aussi financier", note Jean-Pierre Pierre Bloch. L’ancien député gaulliste, aujourd’hui âgé de 73 ans, est le nouveau mentor du challenger de Wade, même s’il récuse le titre de "sorcier blanc". Dans le QG de campagne le soir du premier tour, sa proximité avec le candidat est manifeste. L’ancien maire adjoint du 18e arrondissement est régulièrement accosté par des sympathisants qui tiennent à le remercier pour "ses conseils" et "son rôle dans la campagne". Il est vrai que ce fut la clé du succès de Macky Sall : alors que les autres opposants se concentraient sur le retrait de la candidature de Wade, jugée illégitime, en manifestant, Sall a sillonné le pays.
Comme Wade, il a commencé sa campagne dans la ville sainte de Touba où il a été reçu par le khalife de la congrégation des Mourides. Ne négligeant aucun soutien, Macky l’affable vient donc de surgir sur la première marche du podium. Une première revanche sur l’héritier officiel, qui n’a jamais réussi à se faire élire, et qui à force de favoritisme a contribué au déclin de son père.© Libération

Portrait Maria Malagardis Envoyée spéciale à Dakar
Mis en ligne le 28/02/2012
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SENEGAL : A défaut de l’alternance, la succession ?

(Guineeconakry.info 28/02/2012) 
En ce lendemain électoral au Sénégal, tous les leaders politiques tentent de manière hypocrite et sournoise de faire corps avec la maturité démocratique dont les électeurs ont fait montre le dimanche dernier. En se déplaçant massivement et dans le calme pour aller voter, les Sénégalais ont administré un cinglant revers à leur classe politique, toutes tendances confondues. Les divisions et les contradictions qu'elles ont affichées, ont failli conduire le pays au chaos.

Et selon les tendances qui sont jusqu’ici disponibles, les Sénégalais semblent avoir renvoyé dos à dos Abdoulaye Wade et ses adversaires. A tous, ils administrent une leçon qui tourne autour de l’humilité et sur le fait que le peuple est et reste le seul et vrai souverain, dans les décisions et les choix ultimes. Les populations sénégalaises ne semblent pas avoir forcément apprécié l’attitude de l’opposition sénégalaise, qui tenait à user de la violence physique pour convaincre Abdoulaye Wade, de renoncer à son désir de briguer un troisième mandat présidentiel.
En se déplaçant dans le calme et la sérénité ce dimanche pour aller voter, ils ont clairement laissé comprendre aussi bien à l’opposition politique qu’au M23, que leur méthode à eux était pacifique et surtout que l’essentiel se déroulait dans les urnes.
Par ailleurs, en contraignant manifestement Abdoulaye Wade à un second tour presque "éliminatoire", les mêmes électeurs semblent vouloir dire qu’ils sont capables de se prononcer sur les grandes questions qui les intéressent. Et surtout, qu’ils demeurent les seuls auxquels revient la décision ultime.
Au président Abdoulaye Wade, un message est également adressé. Concrètement, si le président sénégalais est contraint à aller au second tour, ce sera pour lui l’occasion de réaliser qu’on ne peut berner tout un peuple. Qu’on ne peut pas abuser d’une quelconque naïveté du peuple. En clair, les Sénégalais disent à Abdoulaye Wade que ce n’est pas parce qu’on n’a pas suivi l’opposition dans ses appels à manifester, qu’on approuve forcément l’intention d’un octogénaire à vouloir finir ses vieux jours au pouvoir. Globalement, les Sénégalais en ont marre de l’arrogance et de l’esprit de suffisance qui caractérisent leur président. Seulement, plus intelligents que leurs différents leaders politiques, ils attendaient le moment opportun pour le faire savoir.
Pour la suite, si les Sénégalais ont "craché" Wade, ce n’est pas pour le remplacer par Ousmane Tanor Djeng du PS. C’est de Wade dont on veut se débarrasser et non de la doctrine libérale qui est la sienne! C’est ainsi que contrairement à l’an 2000, il n’y aura pas une alternance politique véritable. Dans le meilleur des cas, ce ne sera qu’une succession. Les électeurs choisissant d’essayer la méthode Macky Sall qui est demeuré longtemps sous l’aile de l’ancien opposant historique.
Ils espèrent ainsi que ce dernier, moins soumis aux inconstances de la sénilité et moins imbu de sa personne que son ex-mentor devenu par le fait du destin, son challenger, saura continuer l’œuvre en quelque sorte. Avec plus de sérénité, loin des sentiers sinueux de la sénilité !
Par la même occasion, les Sénégalais pourraient refermer la parenthèse de l’interprétation équivoque des dispositions constitutionnelles. Quant à Wade, il pourrait être contraint à une sortie moins honorable, du fait de son entêtement et de son refus d’entendre raison.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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Wade contraint à un second tour contre Sall

(Le Figaro 28/02/2012)
Le «Vieux» président n'est pas parvenu à distancer son ex-poulain pour gagner dès le premier tour la présidentielle.

Le Sénégal va sans doute connaître, pour la seconde fois de son histoire, un ballottage dans une élection présidentielle. Lundi, alors que les radios continuaient d'égrener sans fin les résultats du scrutin de la veille, le président sortant Abdoulaye Wade voyait s'éloigner ses rêves d'une victoire facile. À demi-mot, le Vieux, comme disent les Sénégalais, l'a reconnu lundi soir. Selon les chiffres qu'il a dévoilés, portant sur environ la moitié des communes, il est crédité de 32,17 des voix contre 25% «pour le suivant». Il se refusera de prononcer le nom de ce rival qui n'est autre que son ancien poulain Macky Sall.
Abdoulaye Wade ne s'est pas privé en revanche, de longuement féliciter sur un ton solennel le peuple pour avoir voté «dans la dignité et le calme». Nide régler quelques comptes avec des chancelleries inquiètes face à un scrutin souvent qualifié de très risqué. «Nous avons apporté de la plus belle manière un démenti à tous les oiseaux de mauvais augure qui s'étaient empressés d'appeler au chevet d'un Sénégal qui serait agonisant». Une façon de rappeler que les rumeurs de fraudes et les peurs de chaos étaient indigne. Une façon aussi de flatter des Sénégalais toujours fiers de leur démocratie et de lancer une campagne de second tour qui s'annonce compliquée. La lutte qui s'annonce est loin de lui être favorable.
Ambiance lourde
Alors, en dépit de l'union de l'opposition qui s'annonce, les proches du président tentaient de s'afficher optimistes. «Il n'y a pas d'indignité à gagner au second tour. Nous, nous n'avons jamais oublié qu'il pouvait y en avoir un», confiait Amadou Sall, son porte-parole.
L'ambiance lourde qui régnait dimanche soir au centre électoral de Wade 2012 disait pourtant la déception. Dans ce petit appartement du centre de la capitale, nul cri, nul enthousiasme. Juste le cliquetis des ordinateurs compilant les résultats. Dans un petit bureau, le premier ministre, Souleyman Ndéné Ndiaye, seul, écoutait la radio, le visage fermé. «Cette victoire au premier tour donnée comme certaine par Wade et les siens visait à rendre cette idée possible dans l'opinion, même si cette hypothèse était hautement improbable. Maintenant qu'un second tour se dessine, Wade passe pour un perdant et cela même si son score devait se révéler pas si mauvais», analyse un universitaire sénégalais. Pour bien des Sénégalais, cet échec intermédiaire sonne presque déjà la défaite finale.
Le plus prudent restait finalement le rival annoncé. Retranché dans sa villa de Mermoz, un quartier cossu de Dakar, Macky Sall gardait lundi sa réserve. «Les choses se présentent bien. Je crois que même du côté du pouvoir c'est désormais accepté.» En politicien avisé, il déclinait ses victoires avec méthode. «J'ai gagné Dakar haut la main et c'est la capitale qui fait la différence. J'ai aussi les banlieues populaires de Pikine et de Guédiawaye.» Macky Sall, ancien directeur de campagne de Wade, est bien placé pour savoir que ce sont autant de fiefs du vieux président qui viennent de tomber, ceux-là mêmes qui avaient permis les victoires de 2000 et 2007.
«Wade et moi nous partageons le même électorat. Ce n'est pas ma faute si je suis plus jeune. Si les scores se confirment, on peut envisager la victoire.»
Macky Sall feint la compassion. «Wade dit qu'il est mon maître. Il ne devrait pas laisser son élève le mettre au tapis. Qu'il se retire.» Adboulaye Wade s'est, sans surprise, refusé à entendre ce message. À 85 ans, il se prépare à livrer son dernier combat.

De notre envoyé spécial à Dakar (Sénégal)
Par Tanguy Berthemet

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