lundi 29 avril 2013

PRIX DES DENREES ET COUT DE LA VIE: Ibrahima Sène prend le contrepied de Niasse et s'explique

(Sud Quotidien 29/04/2013)
En marge d'une conférence sur le thème « Situation politique nationale : Enjeux et Urgences» organisée par la fédération départementale Parti de l'Indépendance et du travail (Pit) à Rufisque, Ibrahima Sène est revenu sur l'aveu de Moustapha Niasse quant à « l'impuissance de l'Etat face à la cherté des denrées de première nécessité ».

Il a dégagé des pistes de solutions relatives à la subvention du prix du riz et à l'homologation du prix de certaines denrées comme l'huile et le lait.
De prime abord, le chargé des questions économiques du PIT a d’abord tenu à préciser que le Président de l’Assemblée nationale n’avait fait qu’exprimer son opinion qui ne peut en aucune façon être celle du gouvernement, encore moins celle du président de la République. « D’abord il a dit son opinion, c’est pas lui qui définit la politique de l’Etat, ce n’est pas le gouvernement ni Macky Sall qui le disent, c’est son opinion que je respecte du reste», a-t-il expliqué.
Dans le même ordre d’idées, il ajoute que le rapport qu’on tente d’établir entre l’augmentation de la production du riz et la baisse de son prix n’est pas aussi évident qu’il y parait. « Produire du riz ne veut pas dire que le prix du riz va baisser, ensuite compter sur la production du riz pour faire baisser son prix, ce n’est pas demain la veille que le Sénégal sera autosuffisant en riz », fera-t-il observer. Pour M. Sène, « il n’est même pas évident que s’il est autosuffisant en riz, les prix vont baisser ». Cependant, a-t-il poursuivi, « je pense fondamentalement que le prix du riz peut baisser si on a une politique appropriée de subvention. Evidement la banque mondiale et le Fmi ont en horreur les subventions, mais eux ne sont pas des sénégalais. Les Sénégalais savent que les denrées les plus essentielles à leur vie tels l’huile, le sucre, le riz, le lait sont chères ces prix en 2012 sont significativement supérieurs à ceux qui étaient en 2011. »
Prenant l’exemple du lait, le chargé des questions économiques du PIT estime qu’il a connu une hausse de 10,8% alors qu’il était à 3,7% en 2011, le riz de même qui connait une hausse de 6,9% alors qu’en 2011 il était 2,5%. Donc les prix sont élevés et les Sénégalais ne vont pas continuer à accepter de voir les prix des denrées les plus essentielles poursuivre leur hausse, a-t-il averti.
A son avis, « pour le lait et l’huile, le gouvernement peut bien homologuer les prix et obliger en ce moment là, les acteurs de la filière laitière et la Suneor à modérer les prix, comme il l’a fait avec le lait. Sa loi sur le commerce intérieur et les prix de l’intérieur lui permet de le faire. Et, concernant le riz, il faut nécessairement une politique de subvention. Cette politique de subvention veut dire des recettes au niveau du Budget, et je reste convaincu que ces recettes peuvent être obtenues si on réduit encore davantage le train de vie de l’Etat. »
Car nonobstant les 40 milliards obtenus en 2012 sur la réduction de certaines dépenses, M. Sène estime qu’il y a encore des niches susceptibles de procurer des économies qui pourront être consacrées à la subvention du riz et faire face la Banque mondiale et au Fmi. C’est pourquoi, il estime que le gouvernement a besoin d’un soutien populaire plutôt que d’être fragilisé par des considérations autres.
Par rapport à l’emploi des jeunes, le conférencier ne partage pas l’avis de ceux qui disent que l’Etat du Sénégal ne peut plus recruter. Il fait remarquer qu’en 2012, la masse salariale représentait 34,7% des recettes fiscales, un pourcentage légèrement inférieur à la norme de 35% autorisés par L’UEMOA. Mais, à l’en croire, le Sénégal peut, comme d’ailleurs « le PIT y tient, revoir sa politique de rémunération des agents de l’Etat. Il y a des salaires et des avantages exorbitants qui ne se justifient pas. Le gouvernement du Sénégal devrait s’atteler à cela et en ce moment recruter beaucoup plus de médecins, d’infirmiers, d’enseignants, brefs de cadres de l’administration. Et, cela sans remettre en cause les acquis sociaux des classes moyennes».

Daouda GUEYE

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